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  • presse-agrume

    mon presse-agrume
    c'est vraiment un beau presse-agrume
    c'est sans doute le plus beau presse-agrume
    de toute l'histoire du presse-agrume
    quel beau presse-agrume
    nom de dieu
    je pourrais dire quasiment
    mon sauveur

    heureusement que j'ai
    ce presse-agrume
    ce presse-agrume créé par philippe starck
    appelé juicy salif
    le grand classique des presse-agrumes modernes
    un grand classique moderne
    heureusement que j'ai
    le juicy salif

    toute l'humanité aurait dû se spécialiser
    dans la confection
    de presse-agrumes
    toute l'humanité aurait dû se spécialiser
    dans la confection
    de presse-agrumes
    et surtout dans la confection
    de presse-agrumes
    qui n'ont pas vocation à presser
    des agrumes
    car ce presse-agrume
    n'a pas du tout vocation à presser des agrumes

    la véritable fonction de l’objet n'est pas de presser

    des citrons
    explique philippe stark mais bien de lancer une

    conversation
    et c'est exactement ce qu'il s'est passé pour moi et

    robert

    voilà quinze jours
    que j'étais assis dans ma maison de campagne
    de manière très absurde
    je regardais mon presse-agrume
    posé par terre
    et c'est tout ce que je faisais
    je regardais le juicy salif
    je pensais à des poulpes géants
    je savais que starck avait lui-même pensé à des poulpes

    géants
    en créant le juicy salif
    je pensais à la guerre des monde

    je n'étais pas capable
    d'avoir une seule pensée gaie
    mais ça c'était juste avant que robert
    débarque
    c'était juste avant le débarquement d'robert
    c'était juste avant le débarquement
    le débarquement d'robert
    ça a été un véritable débarquement

    je suis une cochonne
    je suis une cochonne
    m'a dit robert
    voilà la première chose qu'elle m'a dit
    quel miracle
    je suis une cochonne
    je suis une individualiste et une cochonne
    mais j'ai toujours voté
    dans l'isoloir
    j'ai pris l'habitude très tôt
    (mon père était très impliqué dans la vie de la cité)
    j'ai pris l'habitude dès mes dix huit ans
    d'enfoncer les bulletins dans ma chatte
    avant de les glisser dans l'urne
    ah mais je vois que tu as un juicy salif! s'exclame tout

    à coup robert

    quel miracle
    elle connaissait mon presse-agrume
    dehors la canicule
    dedans la vacuité
    et tout à coup
    une cochonne qui s'intéresse au design
    quel miracle
    à partir de là
    toute possibilité de retour à une vie normale
    fut définitivement écartée

    ça ressemble à une navette spatiale
    me dit robert
    ce presse-agrume ressemble à une navette spatiale
    mais sa vocation ce n'est pas de lancer un homme dans

    l'espace

    c'est de lancer une conversation dans l'homme
    wow wow, je fais
    wow wow
    cette cochonne m'impressionne
    tu m'impressionnes robert
    bon sang mais tu es un vrai extraterrestre

    ça n'existe pas
    les extraterrestres elle me répond du tac au tac
    ça n'existe pas
    si les extraterrestres existaient
    j'existerais aussi
    wow wow et elle ajoute
    comme si ça suffisait pas
    dieu lui
    nous pouvons croire
    qu'il a existé
    et qu'il a été détruit
    par son désir
    et l'univers tout entier se résume
    à la distance qui sépare
    ma chatte de ce presse-agrume

    alors là
    alors là
    dans ma maison de campagne
    c'est comme si un extraterrestre
    s'était crashé
    je n'en reviens pas
    et tout ça à cause d'un presse-agrume
    c'est la soupe aux choux
    et aux chattes
    oui
    on va bien s'amuser
    on va vraiment bien s'amuser

    oublions qui nous sommes dit robert
    oublions qui nous sommes
    et branlons-nous
    oublions que la vie n'est pas la vie

    c'est robert qui parle
    ma copine robert
    est assise
    sur le presse-agrume

    la fiction n'aura jamais le pouvoir de
    monter sur une mobylette me dit robert
    wow je note ça sur mon iPad de poète
    elle ne pourra jamais me rattraper là où je suis
    les lèvres entrouvertes
    pour faire passer le presse-agrume
    comme on danse le dernier tango

    nous sommes dans une maison absurde
    robert et moi
    à l'ombre d'un presse-agrume
    l'univers est une fiction
    que nous nous soyons complètement trompé sur tout
    cela est plus que probable
    sauf sur le plaisir de lancer une conversation
    dans une maison vide
    dans un coin perdu de la galaxie

    je suis venu offrir
    des vacances à ma douleur me dit robert
    je ne sais plus qui je suis
    j'aimerais jouir qui je suis

    assise sur le presse-agrume, nue
    à part une paire de tongs
    c'est hiroshima dans ma tête dit robert
    le lyrisme c'est hiroshima
    tout ça
    c'est une explosion de lyrisme hiroshima dans ma tête

    le lyrisme se répand
    de manière radioactive
    dans le pâté de campagne
    un presse-agrume dans une maison absurde
    tout est multicolore et vide
    et puis tout devient parole
    c'est dimanche
    nous vivons lentement
    comme dans une adaptation érotique
    de la vie de newton

    je suis newton je dis à robert
    et toi tu es une forme de margaret thatcher anachronique
    qui m'est tombée sur la tête

    je suis capable de capter
    et de stocker
    l'électricité produite
    par le cortex cérébral
    d'une autre personne me dit robert
    une partie non-identifiée
    de mon cerveau
    capte cette énergie et la stocke
    c'est la raison pour laquelle
    en présence de quelqu'un
    je peux être prise
    de tremblements et de tics
    il faut que je me masturbe très très très souvent
    pour libérer toute cette énergie

    à ce moment-là j'empoigne le presse-agrume
    comme si c'était un téléphone
    pour appeler la compagnie d'électricité
    et je dis
    allô allô
    la chatte de robert
    est une putain d'héolienne
    si on se mettait d'accord sur un prix?

    la vie est une putain d'héolienne
    corrige robert
    mais t'as vu la gueule de l'accumulateur
    et elle me montre son trou du cul
    ami poètes lyriques bonsoir
    faire bander c'est de la télékinésie non?
    j'écoute robert me poser des questions
    comme einstein sur la plage
    je sens que ça vient hein
    je sens le poème qui vient vraiment bien
    là ça vient vraiment super bien
    super
    je pourrais même m'accompagner au synthé
    ce serait
    une sorte
    de sacre du printemps extra
    terrestre

    les extraterrestres
    ça n'existe pas me dit robert à nouveau
    robert fume en regardant les oiseaux
    les dinosaures peignaient des tableaux elle dit
    les dinosaures chantaient des chansons
    les dinosaures faisaient du roller
    la seule chose qu'ils ne savaient pas faire
    c'était concevoir des presse-agrumes
    dont la vocation est de lancer une conversation
    et ça ça les a tués

    ce ne serait pas plutôt une météorite? je demande
    non c'est un presse-agrume, répond robert
    un presse-agrume en forme de météorite? je demande
    ou en forme de bite si tu préfères, répond robert

    et j'éclate de rire
    ça
    ça c'est vraiment toi
    ça robert c'est vraiment toi

    oui c'est moi dit robert

    je ne suis pas une femme
    je suis plus proche de l'agrume
    on pourrait dire que je suis une frumme
    quelque part entre le fruit et la femme
    et j'ai horreur de la poésie
    j'ai la chatte pressée
    et pas une seule minute à consacrer à la poésie
    la poésie n'a pas vocation à faire des poèmes
    je lui réponds
    mais à presser des citrons

    elle éclate de rire

    j'ai envie de faire l'amour à un bon gros fasciste
    du sud de la france elle me dit
    je ne sais pas d'où ça vient cette envie
    peut-être d'un fond cosmologique
    puis robert
    chante une chanson débile
    je suis un gas de la gaga
    de la garrigue aïe aïe ouille
    j'ai de toutes petites couilles

    c'est la provence
    c'est le sud de la france
    on est une moitié d'être humain
    et c'est déjà l'orgie me dit robert
    par contre le code de la route c'est la bible de satan
    je ne vaux rien mais j'ai la priorité
    je suis venu en train elle dit
    j'ai mis
    mes affaires
    en vente sur le bon coin
    pour me payer le voyage
    un kiki
    une voiture
    une guitare
    une boîte à musique
    un badge "pas d'avenir"
    le professeur, un livre de christian prigent
    page 88: "quatrième polaroïd
    nue de trois-quarts à quatre pattes
    sur une moquette près d'une cheminée"
    et deux néons
    deux néons qui forment les lettres
    n & u
    le mot nu écrit en néon

    le presse-agrume starck
    il aura ma peau
    mais mon jus est pour toi
    presse-moi
    presse-moi

    je suis une cochonne elle répète
    je suis une individualiste et une cochonne

    il est retrouvé, quoi? le presse-agrume
    oui, il est retrouvé
    il est là, dans ce tombeau
    tu es une sorte de dieu égyptien
    reclus dans une pyramide provençale elle me dit
    tu te fous de ma gueule robert
    oui elle me dit
    et elle rigole
    qu'est-ce qu'elle est belle
    mon dieu mais qu'est-ce qu'elle est belle

    je suis la femme pressée
    la femme de personne
    dit robert
    passée aux rayons X
    le monde est vraiment un putain de chiotte
    à la beauté froide

    j'aurais voulu imprimer mon nom
    un peu partout
    pour qu'on me connaisse
    pour qu'on me baise connue
    mais le pôle emploi m'a conseillée
    de découvrir
    le plaisir que c'est
    d'être complètement personne
    sans nom
    sans rien
    mais avant, oui, moi
    me dit robert
    j'aurais voulu graver mon nom
    un peut partout
    avec le jus de ma chatte
    comme de l'encre invisible
    sur un chèque en bois

    j'ai quitté la capitale
    pour aller à ta rencontre
    même si j'ignorais ton existence
    écrire des poèmes me dit robert
    tu devrais avoir honte elle rigole
    écrire des poèmes c'est comme vendre un anus de rat
    à un aveugle en guise d'anneau de mariage

    c'est vrai
    robert a raison
    la fiction pénètre la fiction
    la fiction se pénètre
    c'est la seule à pouvoir le faire
    s'autosucer
    c'est du domaine du possible
    s'autopénétrer non
    il n'y a que la fiction pour le faire
    la fiction règne
    tu devrais écrire une fiction me dit robert

    j'aime dans ma maison absurde
    recueillir des filles absurdes
    je dis à ma copine absurde
    on dirait le sud?
    eh bien c'est le sud
    il n'y a que nous et
    une envie pressée
    une envie
    de presser ce nous
    de presser ce que nous sommes
    j'aimerais faire l'économie de beaucoup de nous
    je règle l'addition
    ce presse-agrume
    c'est mon rasoir d'ockham à moi
    ce presse-agrume
    je pourrais l'appeller le presse-agrume d'ockham

    c'est pas un poème érotique que tu écris
    me dit robert
    c'est pas une chanson de geste
    c'est pas un divertissement à base de jus concentré
    c'est juste des souvenirs de vacances
    des souvenirs de l'ambiance
    club med mythologique
    où sans nom sans fortune et sans espoir
    nous avons pu toi et moi
    nous avons pu lancer une conversation

    les jambes écartées
    comme le sont les hypothèses
    d'une économie alternative
    ma copine robert
    en regardant fixement l'avenir
    en lui jouissant dessus
    en jouissant sur l'avenir
    ma copine robert
    dit le monde est
    un agrume
    le monde est
    un agrume trop dense
    pour être pressé
    c'est bizarre
    c'est un monde étrange robert je dis à robert
    nous écoutons le silence elle et moi
    le silence c'est les cigales ici
    le silence c'est les cigales

    c'est le big crunch annonce robert
    comme si ma chatte
    oui comme si ma chatte et mon anus
    en choeur se mettaient à réciter tous les noms
    comme un choeur de cigales
    le monde s'effondre
    retourne à la nuit
    revient à l'oeuf
    c'est le big crunch
    comme si ma chatte se mettait à réciter tous les noms
    les neuf milliards de noms de dieu

    c'est le big crunch
    le monde s'effondre
    oublions qui nous sommes dit robert
    oublions qui nous sommes
    et branlons-nous

    le presse-agrume
    je ne vois plus le presse-agrume
    le presse-agrume a disparu dans robert
    robert est dans l'espace

    ne perds rien elle me dit
    retiens tout
    dans cinq minutes
    j'introduirai
    un souvenir dans ton avenir
    dans cinq minutes
    tu te souviendras du futur

    tout est perdu, je lui dis
    je suis perdu, me dit robert

    je la regarde me regarder
    je la regarde se perdre
    heureusement que tu as
    ce presse-agrume, elle me dit

    oui

    oui
    je dis à robert

    oui
    je dis

    heureusement

    heu-reu-se-ment
    que j'ai ce presse-agrume

  • vengeance #3

     

    "Avignon, enfer des vivants", écrivait le poète François Pétrarque. Néanmoins, la cité des papes (les papes ont vécu à Avignon – ils se sont installés à Avignon – ils ont acheté la ville d'Avignon – oui, carrément, ils l'ont achetée – ils ont acheté Avignon – une vieille leur a vendu – elle possédait la ville – c'était à elle – alors elle leur a vendu et ils l'ont achetée – bruit de tiroir caisse – dzzing dziing quelque chose – je suis nul en onomatopée – achetez-vous les Pink Floyd – et les Papes sont dans la place).

     

    Euh

     

    "Avignon, enfer des vivants", écrivait le poète François Pétrarque. Néanmoins, Avignon c'est bien quand on veut s'acheter un gun. C'est bien achalandé en guns, en kalashs, en bazookas même. Les armes c'est pas ça qui manquent. La mafia, les quartiers, les ripoux, les vendeurs de santons apeurés, tout le monde en veut, tout le monde en vend.

     

    Alors l'poète se lève. Il met Mahler, vinyle la voix de son maître. Il fait bouillir de l'eau. Tous les matins c'est thym. Bon thym de Provence. Direct de la Provence. Le truc qui est vraiment dingue mais vraiment, c'est que chez Auchan, si t'es fou, tu peux en acheter. Tu peux acheter du thym de Provence en Provence. Alors que tu es en Provence et qu'il te suffit de te baisser pour en ramasser du thym de Provence et bien tu peux en acheter - du thym de Provence – dans un supermarché de Provence, en l'occurence un Auchan de Provence. On a pensé à tout, même aux dingos.

     

    Thym de Provence. Renforce les défenses immunitaires. Thym de Provence. Dégage les voies respiratoires. Thym de Provence. Aujourd'hui, j'm'achète un gun, dit l'poète aux wc.

     

    L'eau bout. l'poète sort des wc en courant. Se prend les pieds dans le tapis. Tombe par terre. Manque de se casser le bras. Y m'faut un gun. Avignon est l’égout de la terre, la plus infecte des villes. Enfer des vivants, de toutes les villes que je connais c'est la plus puante. Aujourd'hui c'est vengeance.

     

    Mais après mon thym.

     

    Faut prendre son thym, dit l'poète et il éclate de rire. L'accent du sud ça ressemble à ça non? Faut prendre son thym chez Auchym, acheter son thym doucemynt. Le bras lui fait mal mais il rigole quand même, quand ça fait mal ça fait du bien.

     

    Et bien aujourd'hui ça va faire vraiment très mal.

     

  • destroyed

    je ne sais plus si j'écoute l'album de moby "destroyed"
    ou si j'écoute, destroyed, l'album de moby
    mais je l'écoute en tout cas
    en pensant à ce club où je dansais samedi soir
    et qui s'appelle L'Esclave
    et qui est comme une navette spatiale où éprouver de la
    joie
    un club gay et bon enfant
    où tout est laser et fumée
    la DJ qui nous a promis de nous montrer sa bite si on
    restait pour le petit déjeuner
    était elle-même amour
    je ne pensais à rien en dansant dans la fumée et les
    lasers, je ne pense plus à rien
    comme si j'étais moi-même un sample de voix
    dans une ritournelle cosmique à la moby
    néanmoins j'embrasse mieux qu'un sample
    et je danse mieux qu'un fichier mp3
    je suis un cyborg
    et la france n'a jamais été mon pays
    je suis destroyed et je n'ai jamais vécu en france
    j'ai vécu dans une playlist détruite
    et des tendresses gratuites
    hors de ce monde
    à côté de la fiction capitaliste
    j'ai dansé jusqu'au petit déjeuner
    vu des bites
    s'allumer
    dans la nuit
    j'ai écrit des livres, bidouillé des chansons, produit de
    la noise, mixé de l'acid avec du alain chamfort, 
    j'ai bu des litres et des litres de bières
    j'ai bouffé des kilos et des kilos d'antidouleur
    j'ai désiré des heures et des heures durant des
    personnes
    à qui je n'ai jamais réussi à faire l'amour
    ce pays n'a jamais été le mien
    n'a jamais rien représenté pour moi
    je n'y ai jamais vécu
    j'ai creusé des grottes à l'intérieur de moi
    et j'ai pris cher
    le coeur défoncé
    des chips dans les mains
    de toutes façons aucun pays n'existait, aucun,
    l'espace-temps est plein et sans compromis
    sur un bon milliard de kilomètres
    il n'y a que les amis et les amours
    tout est oublié,
    tout est gâteux,
    mais le bonheur de vous rencontrer vous qui êtes vivants
    qui que vous soyez
    est immense
    et j'aime les soirées mousse
    oui je les aime vraiment
    et porter des habits qui n'existent pas
    en dansant avec toi
    et me faire passer pour un singe
    ou une brouette
    c'est un vrai plaisir
    je vis dans un recoin de l'espace-temps
    rempli de joie
    et de gens chouettes
    et les garçons sont sur les tables
    et les garçons ont des casquettes qui les protègent de
    dieu et de sa folie
    je ne sais plus si j'écoute l'album de moby "destroyed"
    ou si j'écoute, destroyed, l'album de moby
    mais je l'écoute en tout cas
    rien n'abolira l'espace-temps
    le déploiement est réel
    et nous ne sommes pas fou
    là, en écoutant, détruit, moby
    je sais que vous existez comme moi
    et vivez avec moi
    car là où vous vivez, mes amis
    c'est là
    que je vais
    et c'est là
    que je vis