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Boris Crack - Page 7

  • destroyed

    je ne sais plus si j'écoute l'album de moby "destroyed"
    ou si j'écoute, destroyed, l'album de moby
    mais je l'écoute en tout cas
    en pensant à ce club où je dansais samedi soir
    et qui s'appelle L'Esclave
    et qui est comme une navette spatiale où éprouver de la
    joie
    un club gay et bon enfant
    où tout est laser et fumée
    la DJ qui nous a promis de nous montrer sa bite si on
    restait pour le petit déjeuner
    était elle-même amour
    je ne pensais à rien en dansant dans la fumée et les
    lasers, je ne pense plus à rien
    comme si j'étais moi-même un sample de voix
    dans une ritournelle cosmique à la moby
    néanmoins j'embrasse mieux qu'un sample
    et je danse mieux qu'un fichier mp3
    je suis un cyborg
    et la france n'a jamais été mon pays
    je suis destroyed et je n'ai jamais vécu en france
    j'ai vécu dans une playlist détruite
    et des tendresses gratuites
    hors de ce monde
    à côté de la fiction capitaliste
    j'ai dansé jusqu'au petit déjeuner
    vu des bites
    s'allumer
    dans la nuit
    j'ai écrit des livres, bidouillé des chansons, produit de
    la noise, mixé de l'acid avec du alain chamfort, 
    j'ai bu des litres et des litres de bières
    j'ai bouffé des kilos et des kilos d'antidouleur
    j'ai désiré des heures et des heures durant des
    personnes
    à qui je n'ai jamais réussi à faire l'amour
    ce pays n'a jamais été le mien
    n'a jamais rien représenté pour moi
    je n'y ai jamais vécu
    j'ai creusé des grottes à l'intérieur de moi
    et j'ai pris cher
    le coeur défoncé
    des chips dans les mains
    de toutes façons aucun pays n'existait, aucun,
    l'espace-temps est plein et sans compromis
    sur un bon milliard de kilomètres
    il n'y a que les amis et les amours
    tout est oublié,
    tout est gâteux,
    mais le bonheur de vous rencontrer vous qui êtes vivants
    qui que vous soyez
    est immense
    et j'aime les soirées mousse
    oui je les aime vraiment
    et porter des habits qui n'existent pas
    en dansant avec toi
    et me faire passer pour un singe
    ou une brouette
    c'est un vrai plaisir
    je vis dans un recoin de l'espace-temps
    rempli de joie
    et de gens chouettes
    et les garçons sont sur les tables
    et les garçons ont des casquettes qui les protègent de
    dieu et de sa folie
    je ne sais plus si j'écoute l'album de moby "destroyed"
    ou si j'écoute, destroyed, l'album de moby
    mais je l'écoute en tout cas
    rien n'abolira l'espace-temps
    le déploiement est réel
    et nous ne sommes pas fou
    là, en écoutant, détruit, moby
    je sais que vous existez comme moi
    et vivez avec moi
    car là où vous vivez, mes amis
    c'est là
    que je vais
    et c'est là
    que je vis

  • la machine à merde

    avec des potes musiciens et écrivains
    on a décidé de fabriquer une machine à merde
    ouais on va fabriquer du caca
    le regarder défiler dans des tubes et rouler sur des
    tapis roulants
    toute la sainte journée regarder les petits étrons
    défiler
    ça sera notre façon de méditer à nous
    on sera assis dedans notre machine à caca
    et on sera bien, on sera vachement bien, vachement fier
    d'avoir réussi à construire ça
    une grosse machine à caca, comme l'avait fait un artiste
    belge il y a quelques années: wim delvoye
    on regardera notre machine fabriquer notre caca
    on fumera des cigarettes
    on boira des bières
    on écoutera de la musique
    on sera tellement bien sur nos tabourets devant la
    machine
    dans le garage qu'on aura loué pour l'occasion
    ou le théâtre
    ce sera comme le printemps des poètes
    et le festival d'avignon réunis
    ce sera le printemps du caca
    oui on sera au paradis

    on écoutera du garage, de la noise
    pis on oubliera tout
    on oubliera tout en regardant nos cacas
    DIY
    home made
    car finalement c'est pas si compliqué
    de construire son propre estomac
    et Leroy-Merlin a du gros matos
    pour les bactéries, ben t'as qu'à te baisser pour en
    ramasser comme on dit

    pour revivre, c'est parfait
    pour retrouver goût à la vie, c'est parfait une grosse
    machine à merde
    pour retrouver le goût de la vie
    il faut goûter au caca
    pour revenir à la vie, il faut en passer par la machine

    il va nous falloir beaucoup de matos
    et on va mettre toutes nos économies là-dedans
    mais ce sera tellement bon, ce sera tellement bon, oui

    ce sera tellement bon de tout oublier
    la culture, la poésie, l'art
    et un seul estomac,
    un seul cerveau ne pourrait jamais digérer
    ce flot ininterrompu de vanités
    qu'est "la culture aujourd'hui"

    "la poésie aujourd'hui"

    "l'art aujourd'hui"

    "l'aujourd'hui d'aujourd'hui

    aujourd'hui"

    ah ça c'est sûr, oui ça c'est sûr
    il va falloir une sacrée belle machine à merde
    pour faire le deuil de

    toute cette merde

    la musique garage et la musique noise
    font le travail que la poésie faisait le siècle dernier
    font le travail de la poésie
    certains films, certains performers garage et noise
    font le travail aussi
    mais "la poésie aujourd'hui" ne fait aucun travail
    ne fait peur à personne, n'a aucune nécessité
    n'est qu'un art extrêmement hétérocentré
    avec à l'intérieur pour l'essentiel
    des mecs ringards
    alors nous feront du caca pour faire le deuil
    de tout ça, nous mettront
    beaucoup de cacas pour digérer la culture
    démocratique
    toute cette merde

    ça va nous faire du bien de rester là
    en face de la machine à caca
    vous pourrez nous rendre visite si vous voulez
    sans problème
    on a des chaises, on a des bières, des cacahuètes
    je sors un nouvel album on le passera c'est dégueulasse
    mais c'est tellement bon
    et ça fera une bande-son parfaite pour une grosse
    machine à caca
    "j'ai débouché mes wc avec un sabre japonais"
    est un extrait de cet album
    ouais tu vois quoi, tu vois
    moi j'suis un ninja

    tu n'auras qu'à entrer
    dans le théâtre
    ou le garage
    et venir t'asseoir avec nous
    devant

    LA MACHINE

    oui une machine
    démente
    mélange de tubes
    et de tuyaux
    et de tapis roulants
    contrôlée
    depuis mon iPad

    - je suis votre voisin, tu diras
    - à la bonne heure, voisin, alors
    tu es dans la merde
    - euh
    - oui, voisin, te voilà
    en face d'une machine à merde
    - une machine à merde?
    - oui cette machine que tu as
    devant toi est une machine à merde
    - euh
    - une machine à merde, tu sais
    ce que c'est?
    - non
    - c'est une machine qui produit de la merde
    - sans déconner?? de la merde?
    - oui, exactement
    - sans dé-con-ner?? vous avez fabriqué une machine à
    merde?
    - exactement, nous en sommes les heureux créateurs
    - vous produisez de la merde avec une machine?
    - exactement
    - sans dé-con-ner?? une machine à merde?
    - une machine à merde? Non, LA machine à merde!
    - la machine à merde?? à côté de chez moi?
    - oui
    - mais je croyais que c'était un théâtre ici
    - c'est la couverture idéale, à avignon, il y a des
    théâtres partout, et tout le monde s'en fout, personne
    n'y va, donc personne ne t'emmerde, donc si tu as une
    machine à merde, c'est là qu'il faut la mettre

    tu t’assiéras
    soudain
    tout pale pas bien du tout
    impressionné par tout ce caca

    - tu ne te sens pas bien?
    - ça va, ça va
    - vraiment? tu le dis j'ai des bonbons

    alors je tapoterai sur mon iPad
    et la machine à merde
    se mettra à produire de la merde

    - oh merde, diras-tu
    - LA merde, dirai-je

    oh oui
    la belle merde
    ça c'est de la
    bonneuh
    merdeuh
    (je prendrai l'action du sud
    mais je ne suis pas du sud,
    je fais genre Marcel Pagnol
    mais je viens du nord
    les mecs qui s'y connaissent vraiment en merde
    c'est les mecs du nord)

    dans la machine
    les détritusssss
    se mueront inexorablement
    en caca dans les tubes
    et tuyaux

    cet engin
    cet intestin mécanique
    sera une machine très steamy punk
    où les cacas en formation
    avanceront sur leur tapis
    comme les valises à l'aéroport
    et j'aurais dans mon costume de mario bros et d'homme
    mystère
    des airs de douanier d'un autre monde
    reniflant la merde
    comme de l'or
    comme si ma vie
    en dépendait
    comme si tout mon être
    commandait la production
    d'un gros tas de merde
    mais oui c'est ça

    - mais pourquoi? demanderas-tu
    pourquoi produire de la merde?
    alors que dehors dans la rue
    tout est recouvert de caca?
    pourquoi cette machine à merde?
    pourquoi?
    - il n'y a pas de caca, répondra mon pote Joe
    c'est le grand mensonge de notre époque
    plus personne n'y arrive
    il y a un grand crispement général
    et ça donne l'art, la poésie, toutes ces conneries
    et ça fait que tout dans notre société
    est bloqué
    n'êtes-vous pas bloqué vous-même?
    - euh
    - la terre a besoin de merde déclarera mon pote
    il faut un bon volume de merde mec
    tous les jours il faut que ça merde
    sinon la terre bascule, l'équilibre se rompt
    s'il n'y a pas un bon volume de caca
    tous les jours sur terre
    alors l'axe de rotation de la planète
    est tout chamboulé
    et c'est le chaos
    il faut équilibrer tout ça
    à grand renfort de caca

    - vous déconnez?
    - non, as-tu déjà réfléchi au poids de la merde?
    - métaphoriquement oui
    - je ne te parle pas de métaphore! je te parle de merde!
    du poids que pèse le caca à la surface et dans les
    entrailles de cette planète! tu as déjà réfléchi à ça?
    - euh non
    - cette machine à merde est le dernier espoir de
    l'humanité, si la planète tourne encore comme il faut,
    c'est à grand coup de caca, c'est parce qu'il y a tout
    ce caca qui sort d'ici, des kilos et des kilos de caca,
    chaque jour ça sort et ça recouvre nos rues, nos villes,
    nos campagnes, nos forêts, nos océans, nos montagnes,
    nos têtes, tout est recouvert de caca, de ce caca, made
    in france, made in avignon, caca cloaca, la machine à
    caca, la machine
     à vie
    - sans dé-con-ner?

    la machine
     à vie
    répétera-t-il

    caca
    caca
      cacacloacaca

    mon pote Joe partira alors
    dans une espèce d'incantation
    tandis que j'ouvrirai
    les vannes de la machine
    déversant dans d'énormes
    fûts notre caca home made

    "Tu te souviens des utilisations
    les plus surprenantes du générique
    ailleurs que dans la série X-Files?
    demande-t-on à Mark Snow dans une interview
    dans les Simpsons peut-être ? répond-il
    dans des pubs aussi, dont celle pour Listerine,
    une marque de bain de bouche,
    où l'ont voit quelqu'un descendre dans une cave
    pour tuer les monstres de la mauvaise haleine"

    Les monstres
    de la mauvaise haleine
    c'est nous ça ouais
    nous voilà
    juste à côté de chez toi
    une machine à merde
    tu n'en reviendras pas
    tu écriras une chanson
    ou un poème sur ça hein?
    "une machine à caca
    juste à côté de chez moi"

    la vie
    une question de merde
    le système solaire
    n'aura plus comme seul allié qu'

    un anus mécanique

  • BELGICA

    Belgica
    BELGICA
    ça c'est un poème
    alors oui hein ça c'est un poème
    c'est un poème ça
    c'est un poème
    avec plein de sauce et de musique dedans
    un poème tout saucé qu'il est
    tout musical ouais
    avec une knack
    une knack oui
    une knack
    entre toi et moi
    entre la vie et la mort
    une knack
    pas la poésie des vieux et des profs
    pas la poésie en Damart ou Quéchua
    la poésie noise, live, un vrai garage à bite
    ouvert sur la vie, hors de contrôle
    pour le meilleur et pour le pire
    dans la bête
    dans la tête belge, flamande, la langue de la tête
    oui c'est ça qui tape contre le garage, qui tape dans le

    garage


    des coups de têtes belges qui font une langue
    plein plein de coups, de gros coups de têtes
    dans la langue, pas facile mais on y va on y va
    on va foutre des coups de boules
    irascibles, infectieux
    sans espoir, ni de prix ni de reconnaissance
    aucune reconnaissance zéro reconnaissance pas

    reconnaissant du tout zéro discours zéro
    Belgica
    rouler les rrrrrrrrrrr du désespoirrrrrrrrrrrrr
    juste l'amour et les filles et les garçons
    c'est ça c'est la Belgique, c'est la Belgica mon gars
    ça envoie du lourd dans l'amour en Belgique, dans

    l'amour en sauce
    juste la vie, et pas encore un de ces
    poèmes débiles pour les vieux
    les vieux en Damard haaaaaaaaa
    en Damarrrrrrrrrrt l'art du Damard aïe aïe aïe
    Belgica, avec un seul oeil
    pas deux, un, un seul ouais tu vois
    l'autre fermé, l'autre qui s'est fermé à l'âge de six

    mois
    mais avec une jeune rousse qui en verra deux
    toujours deux, deux yeux dans le garage, les zzzzzieux

    qui s'aiment, une belle rousse comme je les aime
    avec les yeux dans le garage, dans la garge, rrrrrrr

    grande grande garge
    ggaarrrraagagag, toute la langue, qui rrrrroule comme

    une tortue, la langue qui rrrrrroule comme la

    tortuetortue de la langue flamande qui se jette
    sous les rrrrroues avec 3 grammes et des feuilles
    de salade entre les pieds
    toute la saleté qui vit
    toute la fureur, ah c'est la fureur c'est la fureur
    pas la poésie
    mais la fureur toute entière,
    les tétons et la folie, dont les zones n'ont
    plus de limites
    Belgica ça défonce
    ça ça défonce, c'est défoncé, c'est un film sur la

    défonce
    comme dernière langue
    dernière rumeur avec liberté
    allez tous vous faire enculer
    rrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
    les débris comme des montagnes d'allumettes pour
    tout rendre vivant
    alors que tout est endormi
    tout dort, y'a tout qui dort, ça dort, ça rrrrronfle
    dans les nombreux bureaux (police pompier professeur)
    la coke de la vie dure est très dure dans le garage à

    bite
    qui s'appelle ici Belgica
    café Belgica
    lieu de perdition, avec les tétons de Davy
    The Shitz
    Zombie Nation
    et tous ces groupes de musique
    qui sont de vrais groupes
    et la caméra qui transpire
    des films, comme des chattes assises devant
    le coeur du réacteur
    tous les coups sont permis
    tant que ce n'est pas un poème de plus
    dans une démocratie de poètes
    contre la poésie, la Belgica, la salle de concert
    la sale - la pure noire - Belgique - la voix
    morte
    de la musique, de la noise, du garage,
    de la Belgique
    j'en veux j'en veux et j'en veux
    et je veux oublier tout le reste
    et ça va pas être dur
    ah ça non ça va pas être dur
    retrouver mon accent franc-comtois
    tout mon corps de pécore
    j'ai fait le deuil de la poésie en 2008
    jamais la france, ni le poème
    des lignes et la noise; pauvreté
    juste pour aller plus vite
    sauter à la ligne
    pour aller vite de plus en plus vite
    et oublier
    ce qu'on a commencé
    le commencement jusqu'à ce que la coupe soit pleine
    et bière et clopes
    en sautant à pieds joints dedans
    en roulant les rrrrrrrrrr du désespoirrrrrrr
    pour aller toujours plus vite
    le peuple et le poème: jamais,
    pas de printemps de la culture
    l'exaspération est totale, ce sera donc toujours
    la même histoire
    faire plaisir aux princes et aux vieux
    faire politesse, pitance en Damart, dentier régine
    faire plaisir aux pompiers, aux lois, aux défenseurs
    alors que tout est fucké
    parti en couille et sapé en Lidl
    avec toutes les fricadelles planquées en suisse
    toutes mes fricadelles, y m'ont planqué toutes mes

    fricadelles
    mais qu'est-ce que je fous ici
    je bois à ta santé Felix Van Groeningen
    je me défonce ce soir l'oeil
    fermé
    avec Tom Vermeir, Stef Aerts